Ce qu'Omar a confié à Loop !
O M A R K H A Y A M
Poète persan
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Serveuse...
Mon coeur et mon esprit se meurent pour toi !
Où que tu sois, ta robe aimante ma main.
Dès que tu apparais, cent coeurs meurent pour toi...
Dès que tu disparais, cent esprits sont dévastés...
Cette nuit,
qui t'a poussée à m'enivrer ?
Qui t'a menée du harem jusqu'à ce pré ?
Jusqu'à celui qui est en feu de désir
lorsque l'air fait flotter ton parfum ?
Dis-moi... Qui t'a portée ?
Sur le théâtre du Temps.
Ce n'est pas une simple métaphore,
mais une très exacte vérité :
Sur la Terre, en fait,
nous ne sommes que des marionnettes.
Le montreur, c'est le Ciel.
C'est ainsi que, sur le théâtre du Temps,
on fait nos trois petits tours...
Et puis, un jour,
on retombe, l'un après l'autre,
dans la grande boîte du Néant...
Puisque je n'ai pas choisi le jour de ma naissance...
Puisqu'on ne pas pas demandé mon avis
pour l'heure de mon inéluctable départ...
Alors... Jolie serveuse, lève-toi, prépare tes reins...
Je veux, avec du vin,
effacer la tristesse de l'univers..
Au milieu des prés en fleurs, de mille éclats,
brille la rose...
Allez...
Installons-nous tranquillement au bord de la rivière...
Autour de nous,
une guirlande de jolies filles aux yeux noirs...
Allez !
Amis, que chacun d'entre nous lève son verre !
Le savez-vous ?
Ceux qui boivent du bon vin dès l'aurore
sont exemptés des mosquées,
dispensés des temples,
libérés des synagogues !
Un jour,
vous et moi,
du grand livre de l'existence,
nous serons effacés...
Un jour,
viendra notre ruine, c'est inévitable.
Alors,
dans cette existence-ci,
ne manque pas un instant de
vivre ta vie !
Tu n'es pas une plante du jardin
qu'on peut facilement déplanter ici aujourd'hui
pour la replanter ailleurs un autre jour.
Tu es une jolie fleur d'aujourd'hui,
tout simplement...
Je ne suis fait ni pour la mosquée,
Ni pour la cellule du couvent...
Libertin comme une tulipe,
A la fois infidèle et croyant...
Sans foi, sans destinée,
Sans espoir du paradis, sans peur de l'enfer !
Seul Dieu peut dire :
" Je l'ai pétri de telle ou telle argile..."
Qu'un pain de froment nous soit offert
Ainsi qu'une gourde de vin et un gigot de mouton...
Et que toi et moi soyons assis dans le désert...
Voilà une joie qui n'est à la portée d'aucun sultan !
Quand commence le mois du jeûne
et qu'il fait très beau,
c'est comme si on mettait aux fers
l'esprit et le coeur,
quand il fait très beau...
Seigneur,
je t'en prie,
fais-moi rêver...
Que je puisse voir déjà
la si plaisante pleine lune
du mois prochain...
Semblable à l'eau du fleuve,
au vent du désert,
une journée vient encore de quitter
le fil de mes jours...
Dans ma vie,
il y a deux journées
dont ce ne me soucie pas du tout :
celle d'hier et celle de demain...
Boire du vin
courir les Jolies comme des tulipes,
c'est mieux qu'être un dévôt
dont les moeurs...
S'il y a un enfer
pour ceux qui font l'amour et qui boivent,
alors personne ne verra jamais
le paradis des âmes !
Aujourd'hui, c'est vendredi, le jour sacré...
Puisque le verre est interdit,
bois le vin directement à la carafe !
Les jours de la semaine,
bois et fais la fête !
Le vendredi,
puisque c'est le premier des jours,
bois double !
Triste est le cœur
où il n'y a pas le feu !
En détresse est le cœur
qui n'est pas aimé d'une Jolie !
Et, si un jour tu passes un jour sans vin,
il n'y aura pas plus perdu
que ce jour-là !
Que l'on fasse le mal ou le bien,
le bien ou le mal, quand c'est notre destin,
tous nos actes ne nous sont pas dictés par le Ciel...
Car le ciel est, lui-même,
encore plus impuissant que nous
à trouver son propre chemin !
La vie d'Omar Khayam ?
Un dossier de
la Revue de Téhéran :
à suivre...
Loop et la poésie persane : Hop !
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