A R A G O N
S U R L' O R E E
Image internet
Loop chez Elsa Triolet et Aragon : Zoom !
Lucy Eon et Aragon : Clic ! et Zoom !
Elsa et Louis
dans le parc du Moulin de St Arnoult.
Aujourd'hui,
tous deux reposent à cet endroit,
sous la même stèle.
La voix de Lucy : Hop !
Un poème de Lucy Eon : Splash !
EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ?
Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Louis Aragon
Si petit et si grand !
C’est ici que tu es à ton aise,
homme enfin digne de ton nom,
c’est ici que tu te retrouves
à l’échelle de tes désirs.
Ce lieu,
ne crains pas d’en approcher ta figure,
et déjà ta langue,
la bavarde,
ne tient plus en place,
ce lieu de délice et d’ombre,
ce patio d’ardeur,
dans ses limites nacrées,
la belle image du pessimisme.
Ô fente,
fente humide et douce,
cher abîme vertigineux...
" Le con d'Irène "
Extrait
Louis Aragon
Discorama
1961
Monique Morelli : L'affiche rouge
Voulez-vous nous offrir un autre texte d'Aragon ?
Avec Elsa Triolet
On donnerait cher pour savoir ce qu’elles pensent.
Celles qui veulent ne pas être touchées.
Celles qui veulent qu’on les laisse faire.
Celles qui veulent qu’on les saisisse lentement.
Celles qui veulent frémir, celles qui veulent frôler.
Celles qui ne savent pas ce qu’elles veulent.
Les habituées.
Les novices.
Celles qui ne comprendront pas
comment elles ont, une fois dans leur vie, permis cela.
Les désespérées.
Les folles.
Toutes les femmes sans mémoire,
toutes les femmes sans lendemain…
Louis Aragon (1897-1982)
Merci Fanny !
Connaissez-vous l’île
Au cœur de la ville
Où tout est tranquille
Eternellement
L’ombre souveraine
En silence y traîne
Comme une sirène
Avec son amant
La Seine profonde
Dans ses bras de blonde
Au milieu du monde
L’enserre en rêvant
Extrait de
" Quai de Béthune "
dans
" Il ne m'est Paris que d'Elsa "
Merci Louis-Paul !
Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux...
Aragon
chanté par Danielle Darrieux
dans le film de François Ozon
" 8 femmes."
Merci Noëlle !