R E N E G U Y C A D O U
La Loire à Rochefort sur Loire
Septembre 2012
Les amis de Rochefort
Le ciel et le grand air
La flamme du clocher dégagée du tonnerre
La place de l’église
Les pelouses du toit jonchées de pierres grises
Une table encombrée de feuillage et de mains
Pour chaque ami un lendemain
Ce soir encore ensemble
Dans mes yeux le rideau de ton regard qui tremble
Je voudrais tant rester cet hiver parmi vous
Le visage dans la mousse de vos genoux
Le vent n’efface pas le bruit de vos paroles
Je prends place dans vos poitrines sur ce môle
Où s’attarde déjà la nef de l’horizon
C’est votre sang qui donne une teinte aux saisons
Vogueurs de grands chemins
Négriers des villages
Les gibiers du soleil tiennent dans votre cage
Vous êtes à l’avant du monde les passeurs
Les rapides du soir empruntent votre cœur
Je vous regarde aller
Vous marchez bien quand même
C’est à travers vos pas la lumière que j’aime
Au-dessus des étangs le son de votre voix
Et je rejoins la nuit
Très tard
À contre-voie.
René-Guy Cadou
" La vie rêvée "
Robert Laffont
1944
2013
" La Demeure René Guy Cadou "
Sa dernière maison d'école
à Louisfert
en Loire Atlantique
est devenue musée en 1993.
Le site officiel
René Guy Cadou
L'Association Cadou-Poésie :
J.F. Jacques
21 Avenue Le Nôtre
92420 Vaucresson
Source Demeure RG Cadou
René à 2 ans
Source Demeure RG Cadou
Georges Cadou
son papa
Source Demeure RG Cadou
Anna
Sa maman
Source Demeure RG Cadou
De Pornic,
René écrit une carte postale à sa maman.
Source Demeure RG Cadou
René Guy Cadou
Ce dvd est sorti récemment :
René Guy Cadou
ou
Les visages de solitude
Un film d'Emilien Awada
Scénario Luc Vidal
52 mn
Disponible aux Editions du Petit Véhicule
* * *
Pourquoi n’allez-vous pas à Paris ?
- Pourquoi n’allez-vous pas à Paris ?
- Mais l’odeur des lys ! Mais l’odeur des lys !
- Les rives de la Seine ont aussi leurs fleuristes...
- Mais pas assez tristes ! Oh ! Pas assez tristes !
Je suis malade du vert des feuilles et des chevaux,
Des servantes bousculées dans les remises du château...
- Mais les rues de Paris ont aussi leurs servantes !
- Que le diable tente ! que le diable tente !
Mais moi seul dans la grande nuit mouillée,
L’odeur des lys et la campagne agenouillée,
Cette amère montée du sol qui m’environne,
Le désespoir et le bonheur de ne plaire à personne...
- Tu périras d’oubli et dévoré d’orgueil !
- Oui, mais l’odeur des lys !
La liberté des feuilles !
René Guy Cadou
Paris : Clic !
René Guy Cadou et les poètes bretons : Zoom !
Rochefort sur Loire
Juillet comme un beau soir dans un jardin sablé
L'auberge, la fumée des quinquets de la gare
On n'a pas rétabli les deux ponts sur la Loire
Mais on a bien gardé celui de la mémoire
Et tu marches là-bas parmi les oseraies
Traînant derrière toi ton unique village
Ses faces de buveurs, ses chevaux, son clocher
L'ardoise du poète et l'absinthe sauvage
Qui nous attend sur le comptoir de l'amitié
Te souviens-tu de ta maison et du passeur
En cotte bleue et qui fumait des cigarettes
Mouillées, Te souviens-tu de Béhuard cette cloche
Qui nous battait le cœur comme une aile brisée
Le bruit vague de l'eau, la collégiale rose
D'un ciel qui se mourait de son immensité
Nous chantons sur la route et déjà se dessinent
Les bocaux jaune et vert de ta maison hantée
Emmène-moi dans la vallée vers la demeure
De Marie-Cécile en Saint-Aubin-de-Luigné
Que j'y retrouve et que j'y boive ma jeunesse
Fraîche et joyeuse dans un décor du Douanier...
René Guy Cadou
Etienne, Hélène et Jean-François
à La Possonnière
Hélène et Jean-François
ont mis en musique ce poème,
cher au coeur de tous les Angevins
et bien au-delà.
Ils le chantent un dimanche béni de mai 2013,
royalement installés sur leur bateau,
une très belle toue traditionnelle,
sur le port de la Possonnière en Anjou,
dans le cadre d'une très inspirée Fête de la Loire.
La Possonnière est à un souffle ( poétique ) de Rochefort sur Loire.
Leur site : Clic !
Pour écouter :
Anjou
Novembre 2012
Automne
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans, comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
Ô temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau...
René Guy Cadou
Novembre 2012
J'ai pris cette image l'automne dernier
au cours d'une jolie balade à pied
dans les vignes automnales
de St Aubin de Luigné, en Anjou,
tout au bord du Layon tranquille et silencieux
qui promenait nochalamment ses feuilles mortes,
à peine rousses encore...
Des cheminées simples et droites
au bord des toits d'ardoise
qui fument en plein après-midi de novembre,
un vieux monsieur à casquette,
qui fend son bois avec application dans sa remise,
un alambic qui brûle discrètement derrière une haie,
l'odeur forte de la râpe
en gros tas lie de vin
le long de l'ancienne voie ferrée...
Dans les années 1940,
René Guy Cadou et ses amis poètes
de la toute jeune et encore inconnue " Ecole de Rochefort "
venaient régulièrement faire ripaille
et écrire dans ces douces contrées ligériennes.
Pays de cocagne des vins du Layon,
de la noble Loire toute proche,
une lumière toujours pastel et vibrante,
le souvenir de l'ancien presque voisin
Joachim Du Bellay...
Son petit Liré n'est pas si loin...
Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Le plus beau poème.
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil.
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs.
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait :
« Et maintenant cherche ta vie ».
René Guy Cadou
René Guy Cadou est né en 1920 à Sainte-Reine-de-Bretagne,
en pays briéron, mort en 1951, à Louisfert,
non loin de Châteaubriant, en Loire-Atlantique.
René Guy Cadou a su, en l’espace d’une courte vie,
construire une des œuvres poétiques les plus importantes
du XXe siècle.
C’est grâce à la rencontre, à Nantes,
du jeune libraire-poète Michel Manoll,
que René Guy Cadou, lycéen de seize ans, entre en poésie.
Dès l’année suivante, il publie son premier recueil de poèmes
" Brancardiers de l’aube."
Devenu instituteur remplaçant,
il va errer, pendant cinq ans,
d’une école de village à une autre,
trouvant dans cette errance même
– autant physique qu’affective –
une puissante source d’inspiration.
La rencontre, en 1943,
d’Hélène Laurent va faire du brillant disciple de Pierre Reverdy,
le grand poète inspiré que l’on connaît,
le poète d’ " Hélène ou le Règne végétal ",
livre qui constitue, sans nul doute,
un des sommets de la poésie amoureuse de langue française.
Titularisé enfin,
René Guy Cadou s’installe avec Hélène
dans la maison d’école de Louisfert,
et c’est là qu’il écrira
dans les cinq années qui le séparent de sa mort,
ses derniers grands poèmes lyriques,
dont l’admirable " Ode à Serge Essenine."
Au reste, René Guy Cadou ne fut pas seulement poète,
comme le prouvent son autobiographie (partielle)
" Mon enfance est à tout le monde,"
son roman " La Maison d’été,"
les articles de critique littéraire
parus dans diverses revues et rassemblés plus tard
dans " Le Miroir d’Orphée,"
ainsi que son admirable
" Guillaume Apollinaire ou L’Artilleur de Metz."
Source : Revue 303.
Original :
Des petits poèmes en bandes dessinées !
Loop et les chics poètes de la Loire :
La fleur rouge
A la place du ciel
Je mettrai son visage
Les oiseaux ne seront
Même pas étonnés
Et le jour se levant
Très haut dans ses prunelles
On dira le printemps
Est plus tôt cette année
Beaux yeux, belle saison
Vivier de lampes claires
Jardins qui reculez
Sans cesse l'horizon
On fait déjà les foins
Le long de ses paupières
Les animaux peureux
Viennent à la maison
La chambre est encombrée
De rivières sauvages
Dans le foyer s'envole
Une épaisse forêt
Et la route qui tient
En laisse les nuages
Traîne sa meute d'or
Jusque sous les volets
Tous les fruits merveilleux
Tintent sur son épaule
Son sang est sur ma bouche
Une flûte enchantée
Je lui donne le nom
De la première enfance
De la première fleur
Et du premier été
René Guy Cadou
" Hélène ou le règne végétal "
Hélène et René Guy Cadou
Vers le Tome 2 :
Môrice Bénin chante Cadou :
Visite de la Demeure Cadou à Louisfert...