Voici
ce que disait quelquefois
M a d e m o i s e l l e S o N i c e . . .
Décembre 2011
La vie de famille.
Papa me battait.
Maman me battait.
Mon frère me battait.
Ma soeur me battait.
Moi,
je battais la mesure.
Et on chantait tous ensemble...
J'aimais beaucoup Papa.
L'ennui,
c'est qu'il m'aimait beaucoup aussi...
Même si l'on n'a lu Plutarque
qu'une fois dans sa vie,
c'est bien.
Mieux vaut Plutarque que jamais...
Je me demande,
de temps en temps,
si le Grand Architecte de l'Univers
a bien fait
l'Ecole Nationale Supéreure d'Architecture...
Si oui,
je suis rassurée,
sinon, hum...
Comment dire ?
Quelquefois,
je me demande si c'est péché
de regarder un cénobite prépubère
avec concupiscence...
Se donner entièrement à Dieu
la veille de son mariage,
est-ce mal ?
Marie-Madeleine
disait que Jésus
avait les mains si douces...
... qu'elle était persuadée qu'il utilisait Paic Citron
depuis sa plus tendre enfance...
Moi,
quand un homme me bat,
je me demande toujours si,
juste après,
il va demander gentiment
un petit café...
Qui trop embrase,
mâle éteint...
J'ai été une enfant
" jouet ".
Comment pouvais-je ne pas devenir un jour
une femme " objet..."
Ceci dit,
j'ai adoré devenir
" sa chose..."
Berceuse
pour mon petit crayon adoré :
Chut !
Ma mine dort...
Il est toujours très doux
de faire mine d'écouter un homme
au restaurant...
En Argentine,
quand un bel hidalgo,
le sourire charmeur et l'oeil pétillant
s'exclame :
" Ah ! Mercedes, que vous êtes jolie ! "
...c'est à sa voiture qu'il parle.
Qui s'aime en se levant
Révolte l'amant bête...
Signé : Melle So Nice
*
*
*
Vous n'allez pas me croire,
mais " So Nice " est un pseudo...
Il s'agit, en fait,
d'une ancienne amie très lettrée de Maman,
d'origine irlandaise par son père,
cartomancienne par sa mère,
qui venait nous garder,
certains samedis soirs,
quand mes parents partaient danser.
Miss So Nice avait de beaux longs cheveux roux
joliment bouclés
et portait toujours des corsages blancs
hum... comment dire...
...très légèrement ajourés,
comme on en porte encore quelquefois aujourd'hui,
dans certains collèges de jeunes filles
de bonne famille.
Je m'en souviens,
elle sentait bon la noisette
et la fleur de gingembre...
On l'adorait !
Après Bambi,
elle nous racontait toujours des histoires
pas possibles,
que mes soeurs
faisaient mine de comprendre,
et que moi,
je ne comprenais pas du tout...
En fait,
des histoires pas vraiment de notre âge,
mais, sincèrement,
très poétiques
et réellement déliceuses...
Moi,
je me débrouillais toujours
pour monter la première.
Je tirais mon petit verrou,
ou bien la chevillette,
je ne sais plus trop,
je me précipitais
sur mon petit carnet à spirales
secret,
et je notais vite,
en petit,
mais avec une très jolie écriture,
pour mon âge,
les choses autant bizarres que fascinantes
que je venais d'entendre...
Loop d'après Noël
" J'ai trouvé dans mon carnet à spirales
Tout mon bonheur en lettres capitales
A l'encre bleue aux vertus sympathiques
Sous des collages à la gomme arabique... "
Papa adorait William Sheller
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