D E V A N T C H E Z
A B I L I A
9 août 2006
17 h 27
L'été 2006,
je suis allée passer
quelques jours de vacances
chez Abilia.
Abilia,
c'est la cousine
d'une tante éloignée de Papa.
Je m'entends très bien
avec elle.
Elle habite
Rabanal del Camino
un village écrasé de soleil
sur le
Camino Francés.
L'après-midi,
je prenais souvent
la plus sage de mes petites jupes
et
je venais m'asseoir
sur le banc,
tout à côté d'elle.
Contre le mur,
l'ombre était assez fraîche,
mais
la fournaise
était partout ailleurs.
On restait comme ça
des heures,
assises sans parler.
On regardait tranquillement
le spectacle des pèlerins
qui passaient
un à un
ou
en tout petits groupes.
Cela faisait une très étrange cohorte
poussiéreuse
qui s'étirait
dès avant l'aube
jusqu'au milieu de l'après-midi...
Santiago
n'était plus si loin,
maintenant...
Quelques uns s'arrêtaient
très poliment
demander de l'eau.
Babel.
Aucun d'eux ne parlait la même langue.
Souvent,
ils étaient fatigués,
fourbus,
mais ils avaient
tous des étoiles dans les yeux...
Beaucoup de femmes de tous âges
et
de jeunes filles.
Sereines.
Je restais muette.
J'étais très impressionnée.
*
*
*
Un jour,
Abilia s'est tournée vers moi :
" Madre de dios,
Loopinella,
tu libro, tu vas l'écrire
en francés o en español ? "
Février 2011
.