L E G R A N I T U S E
D U
T R O T T O I R
Octobre 2011
Je m'en souviens,
on sortait de chez Etam.
Tout en marchant,
il m'avait pris doucement le bras,
il s'était penché vers moi
et
il avait dit :
Pénéloop,
vous qui semblez avoir vécu mille vies
malgré votre si jeune âge,
j'aimerais, s'il vous plaît,
vous poser juste une petite question.
Moi,
j'avais répondu
sur le ton
de la gentillesse et de la modestie :
Mais je vous en prie,
Jean-Armand,
faites...
J'ai senti soudain
qu'il se détendait quelque peu.
Eh bien voilà, Pénéloop...
A votre avis,
peut-on raisonnablement continuer à aimer
quelqu'un qui vous a quitté
depuis si longtemps déjà ?
Moi,
très vite, j'ai baissé le nez
vers la pointe de mes escarpins
qui effleuraient silencieusement,
en cadence,
le granit usé du trottoir.
J'ai respiré profondément
et
j'ai murmuré :
Euh...
.
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