V I A N
ET
L E M O U L I N E T A R É . . .
Février 2014
Oh !
Les si jolies nuits de St Germain des Prés !
J'ai bien connu Boris Vian
en sa prime jeunesse.
On sortait tout juste de la guerre
et
il n'avait encore guère publié...
C'était un garçon très bien élevé,
tout à fait poli,
un brin dégingandé,
discrètement facétieux,
et, assurément, une personne au grand
coeur, malade
complètement de swing et de jazz...
En ces temps de
liberté fraîchement retrouvée,
il gagnait très honnêtement sa croûte chez
Vercoquin, où il était planton.
( et moulineur, de surcroît. )
Sa tâche principale consistait,
bien assis sur un solide tabouret,
une bassine d'eau de mer
bien calée entre les genoux,
à actionner très vigoureusement
un très spécial moulinet à ré action
afin de produire,
après tant d'années de dures restrictions,
la très précieuse
écume, des jours
entiers, il s'y employait avec zèle,
certes,
mais, il faut bien le reconnaître,
sans grand enthousiasme.
Ce n'est un secret pour personne,
mais,
la bassine d'aluminium
soigneusement calée pendant des heures
entre les cuisses,
il n'attendait, en vérité, qu'une seule chose :
Que la nuit vienne
et qu'il puisse enfin déserter l'atelier,
pour foncer direct au Tabou,
rue Dauphine
et troquer,
avec autant de soulagement
que de jubilation
son si triste et diurne
moulinet à ré
pour sa tant a do rée nocturne
trompette en fa !
Pour la petite histoire,
on peut ajouter que
c'est à peu près à la même époque que
Gala
posait pour Dali,
Dora
pour Picasso
et
Juliette
pour le Gréco...
Pénélope Estrella-Paz
La complainte du progrès
Vénérons le vil Vian ! Clic !
Juin 2009
And now,
just for you,
un très rare loop enregistrement :
Tout juste 50 après sa disparition
Jérôme Savary
rendait un tendre et jubilatoire
hommage à Boris Vian
dans un spectacle intitulé :
" Vian, une trompinette au Paradis "
Parc du Château de Brissac
dans le cadre du Festival d'Anjou.
En vérité,
une très pénéloopienne soirée de fête !
Vian chez Loop !
Des textes ?
Et vous,
qu'aimez-vous chez Vian ?
J'ai passionnément aimé Vian dès mes seize ans.
Je pense avoir lu et entendu l'essentiel de l'artiste.
C'est ainsi que, noyé dans la lecture de "L'écume des jours",
j'y rencontrais Chloé et son nénuphar.
Le prénom s'est gravé en moi et quand,
bien des années plus tard, ma fille est née,
je l'ai prénommée comme l'héroïne de M. Sullivan.
Il y a trente ans, ce prénom n'était pas encore répandu...
Je possède encore la version 10/18 de "L'écume..."
quelque part dans ma bilbiothèque.
Cet exemplaire est celui de mon adolescence.
Jadis, je le transportais dans la poche gauche de ma veste
d'étudiant.
Un soir d'automne il y a trois ans, je m'en souviens,
il faisait sombre, il pleuvait... je sortais du ciné...
C'était juste avant l'heure de fermeture de l'unique bouquiniste
de Thionville.
Je m'engouffrais dans le commerce pour y dérober quelques
parfums de vieilleries quand mon premier regard se posa
sur un livre en retrait des autres, sur une étagère.
J'allongeais le bras :
c'était un vieil exemplaire de "L'écume des jours",
reliure cuir, doré sur le dessus des pages, un peu poussiéreux.
Le bouquiniste fermait sa boutique
quand je m'approchais de lui avec mon trésor.
Je payais trois euros...
Je venais de m'offrir le plus prestigieux des cadeaux.
Je relus le roman d'un jet dans la nuit et, refermant le livre,
je remerciais l'auteur de "Trouble dans les Andins"
de m'avoir guidé ce soir-là chez ce brave bouquiniste.
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