Mots des autres
Jouer avec les mots !
P O N C I F
P O U R L E S C H A T S !
Vous allez me dire : c'est un poncif !
Mais je tiens à l'exprimer devant vous :
" Tous les chats grégaires sont gris ! "
Ce propos, quelque peu prosaïque, est la prémisse d'une histoire
latente qui sommeille en moi depuis longtemps...
La voici.
Par un atavisme que je tiens de mon grand-père, qui était d'une
éthique formidable, j'offre, chaque soir, à tous les chats gris de
mon quartier, un yaourt obsolète...
Dans ces moments-là, je me sens complètement en osmose avec
eux.
Mais, hélas, l'ubiquité de ma voisine redontante du 3ème, a fait
fuir, avec sa voiture hybride, tous les chats !
Cela a créé fatalement un schisme entre nous...
Et un jour, un dinosaure protéiforme, qui descendait notre escalier
de manière sporadique, s'est effacé avec évanescence
sur le trottoir !
Cet anachronisme vous surprendra peut-être...
Ayaane de Barcelona
La règle du jeu :
En fait,
Ayaane s'est amusée à inventer une histoire tout à fait improbable,
mais qui devait contenir obligatoirement ces mots :
anachronisme hybride sporadique latente
protéiforme schisme redondante obsolète
éthique atavisme évanescence osmose
prosaïque poncif prémisse grégaire
ubiquité...
* * *
11 janvier 2012
Voyage en Limousin par Adamante !
Je venais d’hériter d’une vieille demeure hybride, hésitant entre
château du moyen âge et château de contes de fée, isolée au beau
milieu d’une forêt profonde, au fin fond du Limousin, c’est-à-dire
au milieu de nulle part.
J’étais en train de la visiter quand, comme Alice, après avoir
traversé le rideau protéiforme que j’avais découvert tout au fond
d’une pièce du donjon, je me retrouvais de l’autre côté, avec le
don d’ubiquité.
J’étais là et là-bas à la fois, vivant cet anachronisme singulier que procurent des mondes situés aux antipodes du temps.
Tout semblait identique, mais tout était différent.
Pardonnez-moi ce poncif : c’était magique !
Dans la pièce originale, meublée de façon obsolète, condamnée
depuis des décennies, une odeur latente de moisie flottait dans
l’air dans l’air et me rendait prosaïque.
Dans l’autre, l’évanescence sporadique de mon champ de vision me
plongeait dans une sorte de tourbillon qui me donnait le vertige,
frôlait l’infini.
Je vivais cette sorte de schisme que procurent les rêves qui
hésitent entre imaginaire et réalité redondante.
Étaient-ce les prémisses d’une métamorphose ?
Cette osmose avec ces univers si différents renforçait mon instinct
grégaire et réveillait mon atavisme familial.
Mon éthique m’interdisant de vous révéler des secrets, sans
m’attirer les foudres de ces ancêtres qui m’observent sans aménité,
de leurs cadres accrochés aux murs, des deux côtés de mon
histoire, vous comprendrez que je mette un point final à mon récit.
Adamante
Grand merci pour cet étonnant voyage !
Ses images, ses poèmes et ses contes : Zoom !
6 janvier 2013
Marc-Olivier s'est pris au jeu !!!
Les poncifs sur l’atavisme, sur la tendance à répéter les prémisses
énoncées par des grands-parents à la technologie depuis
longtemps obsolète – télégrammes, zeppelins, automobiles De
Dion Bouton, postes de TSF à galène, etc.,
autant d’outils et d’engins qui auraient l’air de très prosaïques
anachronismes si on les ressortait en 2013, en plein âge des autos
hybrides et d’Internet – Julien les avait tellement entendus qu’il
n’en tenait plus du tout compte.
Il trouvait décidément bien grégaires, tels des moutons serrés les
uns contre les autres, les amateurs d’idées toutes faites.
Il décida que ses vacances, imminentes, l’aideraient à oublier ces
discours aussi inutiles que redondants.
Redondante était en effet l’utilisation de pareils poncifs.
Julien partit donc en vacances.
Lorsqu’on examinait où il avait passé ses vacances au cours des
dix dernières années, on avait carrément l’impression que Julien
possédait un don d’ubiquité.
Montauban, Druskininkai, Tallinn, Helsinki, Klagenfurt, du nord au
Midi, ses destinations protéiformes donnaient l’impression que
Julien était en osmose avec les cartes de géographie.
Avait-il une tendance non plus latente, mais manifeste, à la
migration sporadique ?
C’était probable.
Il respectait une certaine éthique en évitant les pays où sévissaient
des guerres ou des insurrections armées locales.
Car certains voyageurs s’en fichaient éperdument.
Julien en vacances arriva à Brioude, en Auvergne.
L’évanescence du brouillard avait du bon, puisque cette purée de
pois se dissipait avant midi, la plupart du temps.
De sorte que le ciel était redevenu azur, bleu, pour le dire de façon
prosaïque mais plus grégaire, lorsqu’il entra dans la basilique
mineure qui portait le nom de… Saint-Julien.
Tiens, se dit-il, je porte le prénom de ce saint Julien-là.
Le sanctuaire, latin, s’ornait pourtant d’une icône représentant la
vie de ce saint Julien, et cette icône était l’œuvre de moniales
orthodoxes du département français du Cantal (ça ne s’invente
pas) en dépit du schisme de 1054...
Marc-Olivier Parlatano
est journaliste pour un grand quotidien suisse.
Il est également critique littéraire...
Et donc, joueur !
La preuve en est faite ici...
Bravo !
Pénélope Estrella-Paz
La proposition de jeu d'écriture
d'Annick SB
sur son blog :
.