M A R C E L
E T
S O N A R R O S O I R
Image Ricardo Arezzo
Qu'elle était verte, ma vallée !
Village perdu
au creux d'un riant vallon
à quelques encablures de Cabourg.
Vieux jardin de curé,
chic et cossu.
Petit trou normand,
jazz sous les pommiers.
Parfum suranné du XIXème
planant bien à l'ouest du XVIème.
C'était de notoriété publique,
Oriane de Guermantes n'aimait pas aller au bal.
Un peu peur peut-être
de faire encore tapisserie à Bayeux...
Non,
ce dimanche après-midi
d'une jolie fin d'été,
elle préférait
faire silencieusement des sudokus,
nonchalamment installée dans la balancelle blanche,
bien à l'ombre
des jeunes filles en fleurs...
Tout à côté,
amoureusement,
Marcel finissait d'arroser
son dernier carré de madeleines.
On voyait qu'il y prenait du plaisir...
Ce n'était pas la canicule,
mais ces derniers temps,
les jours avaient été bien chauds.
Il savait que ce n'était pas du temps perdu...
Alors,
d'un geste presque précieux,
il reposa l'arrosoir sur la margelle.
Léger tintement d'aluminium.
Un son métallique
comme on n'en entend plus,
très distingué,
presque aristocratique.
Petites gouttes brillantes
sur la pierre grise...
Cadeau du soir.
Oriane,
ce jour-là,
avait le décolleté généreux,
le teint de pêche,
la cuisse de Jupiter
et le genou de Claire...
Marcel s'approcha d'elle délicatement
par derrière...
Imperceptible frémissement de la balancelle...
Il se pencha doucement sur sa nuque,
ferma les yeux
presque religieusement,
respira lentement l'odeur de sa peau,
oh... sa peau...
Il finit par l'embrasser
très pudiquement dans le cou
et il lui murmura :
" Duchesse adorée,
vous y croyez, vous,
au retour de Loop ?
.