L A P E T I T E F I A N C E E
D E R Û M Î
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La petite fiancée de Rûmî.
معشوق مولانا
Quand elle chantait Rûmî,
tous les tailleurs de Konya posaient aussitôt leur ouvrage
et fermaient doucement les yeux,
longtemps, religieusement...
Sa peau d'ambre fleurait bon le jasmin,
son ventre frissonnant invitait à la danse
Véga et Casssiopée.
Sa voix très pure enchantait
les colombes, les colibris, les oiseaux de paradis,
et jamais elle ne pensait à demain.
Jamais elle ne portait le voile
lorsque, chaque matin,
juste après la prière,
elle traversait, aérienne et menue,
le grand bazar,
légère et diaphane comme une ombre bénie
qui effleurait à peine
la poussière ocre des ruelles sombres.
Ses paniers d'osier semblaient danser autour de sa taille.
Elle ne se couvrait d'un long voile bleu,
joliment soyeux, moiré à contre-jour,
à peine transparent,
offert par le Prince de Balkh, disait-on,
à la dernière lune de mai.
Elle ne se couvrait d'un long voile bleu
qu'après le coucher du soleil,
pour le temps sacré de la danse,
sur les terrasses embaumées,
ou bien
pour l'heure des câlins...
Quand elle chantait Rûmî,
tous les tailleurs de Konya posaient aussitôt leur ouvrage
et fermaient doucement les yeux,
longtemps, religieusement...
Pénélope Estrella-Paz
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