Numéro 400 !
G I B R A T
E T
M O I
ou
" J'entends siffler le train "
On venait de dépasser
Orléans.
La Loire,
son filet blanc...
Moi,
je lisais distraitement
" Le sursis du corbeau "
et
j'avoue que j'avais perdu
depuis un moment
le fil de l'histoire...
*
*
*
Il s'était tourné vers moi
très simplement :
" Excusez-moi,
Mademoiselle Pénéloop,
mais
je crois que je viens d'avoir une idée...
Voilà.
Je dois illustrer l'affiche
du prochain Festival de la BD
d'Angers
en décembre.
Est-ce que vous accepteriez
de poser un moment
pour moi,
maintenant,
ici,
dans ce compartiment ?
*
*
*
" Si c'est pour Angers,
Monsieur Gibrat,
je veux bien
parce que Maman disait toujours :
" Quand j'étais en fac,
j'avais un amoureux
qui jouait très bien de la guitare
et qui connaissait par coeur
trois poèmes de
Musset. "
Et puis,
je veux bien aussi
à cause de la chanson de
Richard Anthony.
Quand on était petites,
certains soirs de mélancolie,
Papa
sortait son vieux
Teppaz
de l'armoire en merisier foncé
de la tante Clémentine.
Avec une infinie précaution
j'allais dire dévotion
il sortait le petit 45 tours
tout noir
de sa pochette un peu déchirée.
Il se mettait à genoux
pour bien s'appliquer
à le faire jouer.
Hum,
ça n'avait pas l'air d'être facile,
mais ça crachouillait aussitôt
et là,
toute la maison
commençait à chavirer...
Très tranquillement,
Papa
allait se caler dans un coin du canapé,
et nous,
on savait bien
qu'il ne fallait plus le déranger...
*
*
*
Alors,
je me mets comment,
Monsieur Gibrat ?
L'affiche du Festival
Jean-Pierre Gibrat
( détail )
Je viens
de me rendre compte
que cet article porte le numéro
400
Pénélope Estrella-Paz
.