18 février 2008
1
18
/02
/février
/2008
21:44
A L O R S
I L S' E S T I N S T A L L E
A S O N V O L A N T . . .
Il a sorti de quelque part
un livre assez gros que je devinais
froissé, corné, usagé...
Moi, je me suis bien calée
dans le grand siège
à l'autre bout de la cabine.
Je dominais tout le paysage nocturne du vaste parking.
Il y avait une lune presque pleine
en haut du pare-brise panoramique, à droite.
Ballet des phares, ras du sol, vers la gauche.
Un silence ouaté.
C'était très étrange comme impression.
Il a sorti une lampe de poche au faisceau bleuté.
" J'ai envie de vous lire la 376 ème nuit,
c'est ma préférée... "
Et, sans attendre ma réponse,
il a commencé :
" On raconte qu'une nuit,
Haroun Al-Rachid s'étant couché
entre deux adolescentes qu'il aimait également,
dont l'une venait de Médine
et l'autre de Koufa
ne voulut pas exprimer sa préférence,
quant à la terminaison finale,
spécialement à l'une au détriment de l'autre.
Le prix devait donc revenir... "
Il lisait avec une lenteur fluide,
une diction nette et murmurée,
avec un respect total de la ponctuation
et, peut-être,
un léger accent d'Europe de l'est...
Je n'en suis pas sûre.
Quelquefois, il s'interrompait une seconde
pour guetter mon écoute,
et il continuait sa petite musique de nuit.
" ... à celle qui le mériterait le mieux.
Aussi, l'esclave de Médine
commença par lui prendre les mains,
tandis que... "
Et puis,
il s'est passé quelque chose.
Il continuait son récit,
mais moi,
j'étais subitement partie ailleurs...
Il n'y avait plus ni James Dean,
ni Yves Montand,
mais mes six ans, ma maison, mon papa, ma maman...
Boucle d'Or, les trois ours, le chat botté...
J'ai frissonné imperceptiblement.
Petite musique de nuit...
Des larmes silencieuses
et lentes
me sont venues dans la pénombre.
Il a fait mine de ne pas les voir
et il a continué
avec le même ruissellement de ses mots.
Je ne sais pas combien de temps ça a duré.
A un moment,
l'histoire avait dû se terminer,
il a dit à voix basse
sur un ton très neutre :
" Mademoiselle,
j'ai l'impression que vous allez vous endormir,
je vais vous raccompagner à votre voiture.
A cette heure, on ne sait jamais... "
On a retraversé le parking.
Il m'a laissée à 5 pas de ma Yaris.
Il m'a fait au revoir de la main.
Je l'ai remercié du regard.
J'ai eu l'impression qu'il avait les yeux rougis.
Il avait dû lire dans mes pensées,
car il a dit :
" Excusez-moi,
les contes arabes,
ça me fait toujours de l'effet... "
J'ai ouvert ma portière, mis le contact.
Ron ron du moteur.
J'ai mis un CD en boucle, pas au hasard :
" Mysteries " de Bett Gibbons.
A l'horizon, les premières lueurs du jour...
Pénélope
.
un livre assez gros que je devinais
froissé, corné, usagé...
Moi, je me suis bien calée
dans le grand siège
à l'autre bout de la cabine.
Je dominais tout le paysage nocturne du vaste parking.
Il y avait une lune presque pleine
en haut du pare-brise panoramique, à droite.
Ballet des phares, ras du sol, vers la gauche.
Un silence ouaté.
C'était très étrange comme impression.
Il a sorti une lampe de poche au faisceau bleuté.
" J'ai envie de vous lire la 376 ème nuit,
c'est ma préférée... "
Et, sans attendre ma réponse,
il a commencé :
" On raconte qu'une nuit,
Haroun Al-Rachid s'étant couché
entre deux adolescentes qu'il aimait également,
dont l'une venait de Médine
et l'autre de Koufa
ne voulut pas exprimer sa préférence,
quant à la terminaison finale,
spécialement à l'une au détriment de l'autre.
Le prix devait donc revenir... "
Il lisait avec une lenteur fluide,
une diction nette et murmurée,
avec un respect total de la ponctuation
et, peut-être,
un léger accent d'Europe de l'est...
Je n'en suis pas sûre.
Quelquefois, il s'interrompait une seconde
pour guetter mon écoute,
et il continuait sa petite musique de nuit.
" ... à celle qui le mériterait le mieux.
Aussi, l'esclave de Médine
commença par lui prendre les mains,
tandis que... "
Et puis,
il s'est passé quelque chose.
Il continuait son récit,
mais moi,
j'étais subitement partie ailleurs...
Il n'y avait plus ni James Dean,
ni Yves Montand,
mais mes six ans, ma maison, mon papa, ma maman...
Boucle d'Or, les trois ours, le chat botté...
J'ai frissonné imperceptiblement.
Petite musique de nuit...
Des larmes silencieuses
et lentes
me sont venues dans la pénombre.
Il a fait mine de ne pas les voir
et il a continué
avec le même ruissellement de ses mots.
Je ne sais pas combien de temps ça a duré.
A un moment,
l'histoire avait dû se terminer,
il a dit à voix basse
sur un ton très neutre :
" Mademoiselle,
j'ai l'impression que vous allez vous endormir,
je vais vous raccompagner à votre voiture.
A cette heure, on ne sait jamais... "
On a retraversé le parking.
Il m'a laissée à 5 pas de ma Yaris.
Il m'a fait au revoir de la main.
Je l'ai remercié du regard.
J'ai eu l'impression qu'il avait les yeux rougis.
Il avait dû lire dans mes pensées,
car il a dit :
" Excusez-moi,
les contes arabes,
ça me fait toujours de l'effet... "
J'ai ouvert ma portière, mis le contact.
Ron ron du moteur.
J'ai mis un CD en boucle, pas au hasard :
" Mysteries " de Bett Gibbons.
A l'horizon, les premières lueurs du jour...
Pénélope
.