L O O P A I M E L E S F L E U RS
ET
L A P O E S I E
Au plus fort de l'orage,
il y a toujours un oiseau pour nous rassurer.
C'est l'oiseau inconnu.
Il chante avant de s'envoler...
René Char
J’ai tendu des cordes de clocher à clocher
des guirlandes de fenêtre à fenêtre,
des chaînes d’or d’étoile à étoile...
Et je danse…
Arthur Rimbaud
Ô femmes...
Ô femmes qui croyez qu'un poète vous aime,
N'écoutez pas les mots qu'il prononce tout bas.
Car ces mots qu'il prononce, il ne les pense pas.
Il est pris de vertige et se leurre lui-même...
Edouard Chennevière
1887 / 1944
Le temps a laissé son manteau.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête, ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
" Le temps a laissé son manteau ! "
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent d’orfèvrerie.
Chacun s’habille de nouveau...
Le temps a laissé son manteau !
Charles d'Orléans
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur...
Andrée Chédid
La belle fête.
L'étoile qui tombit
― Pardieu la belle fête !
l'étoile qui tombit
le cheval qui sautit
le fleuve qui coulit
ils m'ont donné à rire
ils m'ont donné à rire
Bell'dame !
à rire et à chanter.
La branche qui cassit
― Pardieu la belle fête !
la branche qui cassit
le cheval qui chutit
le char qui se rompa
le pont qui s'écroulit,
ils m'ont point tant fait rire,
ils m'ont point tant fait rire,
Bell'dame !
tant rire que trembler.
Jean Tardieu
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
La province.
Dans le salon en sac arabe,
nous regardions passer le dimanche.
Il avait une échelle sous le bras
et une truelle en bandoulière.
L’horloge sonnait précieusement,
dans une odeur de poires conservées.
Sur un fauteuil traînait un bout de fil :
C’était la semaine...
Paul Colinet
Green
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers.
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Marie Verlaine
Chanson d'automne :
Julos Beaucarne
chante
Verlaine :